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Depuis une vingtaine d’années,
on assiste à un retour de la broderie au point de croix.
« Ringarde », la broderie ?
Alors pourquoi, dans le sillage de féministes patentées
telles que Régine DEFORGES ou Geneviève DORMANN,
sont-elles aujourd’hui des milliers et des milliers
de femmes en France - et dans tous les pays
occidentaux - à avoir repris l’aiguille de leurs
grands-mères pour aligner des petites croix, alors même
qu’elles conquièrent de nouveaux droits, étudient,
travaillent, votent, s’investissent dans la vie
associative et publique, menant une vie plus qu’active
où le temps libre est souvent fort réduit ?
Où trouvent-t-elles le temps ? Comment ont-elles la
patience ? Et pourquoi ont-elles jeté leur dévolu
sur le point de croix et pas un autre ? Et
pourquoi toujours les femmes ?
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Lorsque
broder devient un plaisir, un loisir, une activité
créative et de détente pour des milliers de femmes mais
aussi une nécessité jusqu'à prendre la forme d’une
véritable drogue aux dires de certaines, que cela nous
dit-il de la société et des femmes ? C’est
ainsi que certaines traditions se réinventent,
prenant un sens nouveau en fonction d’un nouveau
contexte social.
A partir d’une longue expérience de terrain
(1990), complétée par une recherche entreprise en 2002
dans le cadre de la discipline sociologique et de
nombreux entretiens approfondis auprès de crucifilistes,
nous évoquerons les nouvelles façons de dire et de
faire de cette tradition féminine de tout temps,
comment elle s’est transmise, recomposée,
comment elle s’est intégrée à la modernité sous
forme de passion ordinaire, ce qu’elle en révèle,
en quoi elle est un art et ce que cet art dit des
femmes.
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